Labourer les terres, prendre soin des forêts, soigner les animaux … si ces gestes semblent relever de l’écologie, ils pourraient également être les clés pour soigner les maux psychiques. C’est en tout cas ce que défend l’écothérapie ou écopsychologie. Ce courant de pensée porté par des scientifiques, des médecins, des psychologues, ou encore des sociologues et des philosophes, tend à vouloir rétablir le lien entre l’homme et la nature, coupé peu à peu par le monde “moderne”.

 

L’histoire de l’écothérapie

L’histoire de l’écopsychologie remonte au début des années 90 : c’est Theodore Roszak, professeur à l’université de Californie, historien et romancier américain, qui est à l’origine de cette approche thérapeutique. Il se serait inspiré de l’ouvrage de Gregory Bateson, auteur en 1977 de “Vers une écologie de l’esprit”. L’ambition de ce nouveau mouvement est de “considérer les besoins de la planète et ceux de la personne humaine comme un tout, et contribuer à nous reconnecter à la vérité de notre communion avec le reste de la création”, écrivait Theodore Roszak dans The Voice of the earth (2002).

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L’écothérapie puise également ses fondements dans une série d’études qui ont su mettre en lumière les bienfaits la nature sur la santé psychique. Ainsi dès 1972, une étude établissait que passer deux semaines en pleine nature augmentait le sentiment de confiance, le calme intérieur et la capacité à penser clairement. Des résultats corroborés depuis par des dizaines d’autres recherches, comme le fait par exemple d’avoir une vue arborée à l’hôpital qui diminuerait les complications postopératoires ou les bienfaits des espaces verts en ville ou dans les cours de récréation.

 

Se réconcilier avec la nature pour faire la paix avec soi-même

L’écopsychologie s’axe autour de plusieurs étapes. D’abord il est important d’identifier ce qui a poussé l’être humain à s’éloigner de la nature, puis à considérer sa propre relation avec cette nature. Ensuite il faudra en mesurer les bienfaits et enfin, tenter de transformer les actions négatives qui mènent à sa dégradation en désir d’action et de changement.

 

D’autant que pour les écopsychologues, ce qui a poussé l’Homme à détruire peu à peu la nature, c’est la peur. Alors que longtemps les êtres humains se sont sentis dépendants de la “Terre mère toute-puissante et divinisée”, ils ont ensuite tenté de la dominer en se rassemblant dans des villes et en développant des techniques pour asseoir leur (pseudo)suprématie. Or cet isolement citadin a eu (et a toujours) des conséquences néfastes sur le bien-être psychique et la santé, comme l’ont démontré par exemple Rachel et Stephen Kaplan, professeurs à l’université du Michigan, aux Etats-Unis, et auteurs de The experience of nature (Cambridge University Press, 1989). Selon eux, la ville - ses vitrines, ses néons, ses bruits, sa circulation quasi continue - sollicite notre système nerveux de façon trop intensive et éparpille notre attention, ce qui provoque une fatigue mentale à la source de nombreux maux.

 

C’est là qu’intervient l’écothérapie : le fait de renouer avec la nature - même domestiquée comme avec un parc municipal - est le meilleur moyen de mettre fin à cet épuisement mental. D’ailleurs, différentes pratiques et expériences, puisant leurs bienfaits dans l’écopsychologie, ont connu un regain d’intérêt comme le jardinage, l’éco-tourisme ou encore les bains de forêt.

Les différents courant de l’écopsychologie

  • Se (re)connecter avec la nature

Si l’écothérapie ou écopsychologie est un courant datant de plusieurs décennies, il existe plusieurs disciplines découlant de cette approche thérapeutique, dont certaines ont le vent en poupe. En effet, le Shinrin Yoku ou bain de forêt - pratique ancestrale japonaise  - connaît ces dernières années un regain d’intérêt, tout comme le jardinage (ou garden therapy) ou encore le rock balancing.

  •  Les pouvoirs des animaux

Autre pendant de l’écopsychologie ? La zoothérapie ou médiation animale. En effet, tous les animaux pourraient avoir un effet bénéfique sur l’esprit humain et c’est ainsi que des disciplines thérapeutiques comme l’équithérapie (avec des chevaux), la ronronthérapie (avec des chats) ou même la lamathérapie.

  • Le dépassement de soi grâce à la nature

 Dernier axe faisant partie de l’écopsychologie ? Le dépassement de soi. En effet, la nature brute offre des perspectives de développement personnel sans limite. Ainsi des méthodes comme celle de Wim Hof, qui utilise le grand froid pour prendre confiance en soi et se dépasser ses freins psychologiques et ses maux psychiques, ont vu le jour et peuvent être rapprochées de ce que l’on nomme écothérapie.